Au village sans prétention Le Progres du 24/02/06
Le village des Enfoirés s'est installé jusqu'à lundi à la Halle Tony-Garnier. Près de trois heures d'un spectacle intense et débonnaire
Il se passe toujours quelque chose au village des enfoirés. Le spectacle frise les trois heures, mais personne ne regarde sa montre. Sketches, chansons, costumes, décors : tout bouge et tourbillonne à chaque instant.
La journée a pourtant été longue. Les premiers fans sont arrivés devant la Halle à huit heures du matin. Un couple venant d'Aix-en-Provence, trois amies en provenance de Belgique, à côté de Liège. Ils sont venus très tôt pour accéder aux meilleures places, mais aussi « pour se mettre dans l'ambiance ». « On se raconte nos souvenirs de concerts, les grands moments des années précédentes. On fait connaissance. C'est sympa » explique Joël, technicien grenoblois, assis sur un petit siège de camping : « j'ai tout prévu, j'ai l'habitude »
Une scène aux allures de village
Dans la Halle, première surprise : la scène est étroite et avance très loin dans la salle. Le décors est celui d'un village, à l'ambiance méditerranéenne, avec des maisons ocres, des balcons, des terrasses. La place du village fait office de scène centrale et sa forme permet à beaucoup de gens de se retrouver aux premiers rangs. « C'est super, on peut les voir vraiment de près » s'enflamme une ado, qui espère voir enfin son Calogero en chair et en os.
Moins de solos, plus de choeurs
Après un petit film retraçant l'histoire des spectacles des enfoirés, vers 20h30 le silence se fait. Le jour se lève sur le village, évoquant la dernière chanson de Téléphone. Les Enfoirés débarquent déguisés en pierrot, avec un loup sur le visage. Tout le monde essaie de savoir qui est qui, accentuant l'ambiance vénitienne du décors. A peine le temps de souffler, et Jean-Jacques Goldman et Michael Jones déboulent Télécaster en main pour lancer le riff de « Encore un matin ».
Cette année, il y a beaucoup moins de solos, le décors à étages facilite les duos, les trios et les choeurs. Une dizaine de chanteurs sont quasiment en permanence sur scène. Logiquement, les meddleys sont aussi nombreux. L'ambiance monte au fil du spectacle, entre moments d'intimité et chansons rock. On ne résiste pas au plaisir de dévoiler le secret d'une reprise enjouée de « Highway to hell » de AC-DC avec Calogero à la batterie Bien évidemment, comme un rituel, le spectacle se termine avec « La chanson des restos », avec les bénévoles poussés sur la scène par les artistes
Thierry Meissirel
Paroles d'enfoirés
GAROU : « Je suis revenu spécialement du Québec pour ces concerts. C'est ma huitième année et j'ai toujours autant de plaisir. Le fait de venir de l'extérieur me donne l'avantage de mesurer combien ce concept est unique au monde. Nulle part ailleurs il y a un tel engagement des artistes sur une aussi longue période. »
MICHAEL JONES : « C'est le seul spectacle pour lequel je monte sur scène sans aucune trouille. C'est un vrai bonheur, même si on est souvent un peu « à l'arrache ».
MICHELLE LAROQUE : « Depuis quelques années, j'ai un peu moins le trac de chanter, je n'ai plus peur de pousser ma voix. Mais je n'aime toujours pas faire des sketches. Quand je n'ai pas de personnage, j'ai du mal. C'est ce que je redoute le plus ici »
PATRICIA KAAS : « C'est pour une bonne cause, et j'ai très envie d'être là. C'est aussi un moment de fête et de plaisir. Alors aider les gens en se faisant plaisir, on ne peut rien demander de plus »
PATRICK FIORI : « Cette année, il y a plus de décors, plus de changements de costumes, c'est très physique. C'est un peu comme si on montait une comédie musicale et quelques jours. »
TINA ARENA : « C'est ma première fois ici et c'est une très jolie expérience. Il y a beaucoup d'humilité, de générosité sur le plateau. Je trouve que c'est vraiment une belle chose que la communauté artistique française a réussi à construire ».
CALOGERO : « C'est toujours un plaisir d'être là, même si l'on peut regretter la raison profonde de ce spectacle, c'est-à-dire que l'on ait encore à notre époque des gens qui ont faim. Je n'ai pas de solution à ce problème, et je suis ravi de pouvoir faire ce petit quelque chose à mon niveau ».